Pilote de ligne
26 septembre 2023
Plongeons dans l’histoire captivante du Dassault Mercure, un avion souvent oublié mais dont l’empreinte sur l’aviation française est indélébile. Remontons le temps pour découvrir ses origines, son processus de production, son utilisation opérationnelle, ainsi que les défis qu’il a dû affronter.
Origines et prototypes
Dans les années 60, alors que le besoin d’avions adaptés aux courtes distances se fait sentir, Marcel Dassault et la Direction générale de l’aviation civile s’interrogent. C’est ainsi que naît l’idée de rivaliser avec le Boeing 737 en proposant un avion pouvant accueillir 140 passagers. Le projet Mercure voit le jour, initialement conçu pour transporter entre 110 et 120 passagers, propulsé par des réacteurs Rolls Royce Spey. Toutefois, son évolution vers une capacité de 150 passagers et une portée de 1000 kilomètres en font un projet ambitieux et novateur.
Crédits : Dassault
Le Mercure se démarque par sa conception moderne, notamment sa voilure calculée avec des outils à la pointe de la technologie. Propulsé par des réacteurs Pratt & Whitney JT8 D 15, son premier vol le 28 mai 1971 à Mérignac marque le début d’une nouvelle ère dans l’histoire de l’aviation française.
Le Mercure, conçu avant l’A320 et partageant des similitudes techniques avec ce dernier. Malgré ses qualités techniques, sa commercialisation s’est avérée difficile. Bien qu’Air Inter ait montré un certain intérêt en s’engageant à acheter dix appareils, Air France, la principale compagnie aérienne nationale, ne voyait pas l’avion d’un bon œil en raison de sa portée limitée. Pour Air Inter, le Mercure présentait des avantages, notamment la capacité d’atterrir dans toutes les conditions météorologiques, un élément crucial pour ses opérations.
Production et utilisation opérationnelle
Crédits : Dassault
La fabrication du Mercure est une entreprise européenne, avec des partenaires en Italie, en Espagne, en Belgique, en Suisse et au Canada. Le premier vol commercial a lieu le 4 juin 1974, reliant Orly à Toulouse et Lyon, marquant le début de son exploitation par Air Inter. Comme les airbus, les fuselages étaient livrés par Guppy.
Cependant, malgré des débuts prometteurs, le programme du Mercure connaît rapidement des difficultés. Les défis ne sont pas d’ordre technique, mais économique. Le contexte d’inflation, avec une hausse significative du prix du carburant due au choc pétrolier de 1974, rend l’avion moins compétitif sur le marché. De plus, la fluctuation des taux de change entre le dollar et le franc français complique la situation financière du projet.
Le Boeing 727 devient plus compétitif que le Mercure comme l’illustre le président de la SABENA qui dira d’ailleurs que « pour le prix de deux Mercure, on peut avoir trois Boeing 727 ».
L’héritage aéronautique
Malgré ces défis, le Mercure a connu une carrière honorable, notamment avec Air Inter, où sa fiabilité et sa ponctualité ont été saluées. Son dernier vol commercial en avril 1995 marque la fin d’une période de service exemplaire, sans accident majeur et avec une régularité impressionnante de 98%.
Le Mercure a ainsi accumulé un total de 360 000 heures de vol, transportant plus de 44 millions de passagers lors de ses 440 000 vols, sans jamais connaître d’accident majeur.
Crédits : Dassault
Aujourd’hui, bien que souvent oublié, le Dassault Mercure laisse derrière lui un héritage significatif dans l’histoire de l’aviation française. Symbole d’ambition et d’innovation, il reste un témoignage de l’ingéniosité et du savoir-faire de l’industrie aéronautique française.
Source : Dassault et Hist’Aéro
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